Le titre de l’exposition est emprunté au sculpteur Constantin Brancusi qui, en 1907 alors qu’il quitte précipitamment l’atelier d’Auguste Rodin dont il est l’élève, conclut : «À l’ombre des grands arbres, rien ne pousse». Cette phrase illustre la difficulté de trouver sa voie au côté de figures imposantes, mais aussi l’émancipation du jeune Brancusi face à l’aura de son maître. En la tronquant Romain Lepage révèle, pour sa part, l’influence tutélaire de Brancusi et de certains de ses contemporains de l’époque moderne. Leurs œuvres et les histoires qui les entourent nourrissent, en effet, inlassablement son travail.

L’exposition de Romain Lepage prend plus particu-lièrement pour point de départ le mobilier que Brancusi a construit pour son usage personnel. Traits-d’unions avec les œuvres de son atelier, ces meubles et objets témoignent du lien que l’artiste a toujours créé entre éléments fonctionnels et sculpturaux. Les tabourets de son espace de travail, tantôt socles, tantôt assises ; ses ustensiles de cuisine et les pavillons d’enceintes pour radio qu’il fabrique lui-même, révèlent la technicité de Brancusi comme sa vision d’une œuvre d’art totale.